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25 janvier 2021

Le rêve du Targui .

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Ce texe m'a été offert par son auteur, qui était aussi un ami. Il a été aussi nomé "prix FRANCO de 1980 à Niamey."

 

                  Le soleil décline de plus en plus rapidement vers l'horizon.L'ombre du Méhari et du Targui s'allonge davantage sur le reg et ponctue un peu plus le balancement de l'équipage.

                  Bachar est un Targui de l'AÏR; Il est en route depuis trois semaines, afin de rejoindre sa seconde épouse,Reicha, qui nomadise quelque part par la,au gré des paturages et des gueltas.

                  Sa route ,il la fait avec son "Alam"blanc, magnifique dromadaire de selle. Bachar a pris au paravent la précaution de le faire boire en abondance. A la selle bien arimée,il a accroché "l'Aljabira " la  sacoche aux trois poches qui contient les aliments et les provisions.

"L' Achacoua", autre sacoche rectangulaire ,pends également à la selle et contient la théiere,la vaisselle, et les objets courants.

                 " L'Ibéoune" ,long fourreau sanglé en long contre le flanc du méhari est réservé aux habits,tissus et aux cadeaux. "L'isles", finement ouvragée sert de coussin,de tapis de selle et de couverture pour le campement. Bachar a vraiment fière allure,malgré la fine poussiere qui le recouvre.

 

                  Depuis un instant Bachar fixe de son oeil perçant un point sur l'horizon. Avec son sens inné de l'orientation (instinct caractéristique des Touaregs) il voit le lieu où il pourra paser la nuit.C'est le bout d'un "cori",frangé de dunes à l'est,et de rochers à l'ouest.Il est sûr de trouver là une guelta pour abreuver sa monture, et un bon paturage.

                  Aujourd'hui,le Targui et sa monture ont fait près de quarante kms.Le dromadaire,infatiguable,force l'allure et allonge la tête . Il obeit à une préssion un peu plus accentuée du pied nu de Bachar,mais aussi à un instinct qui lui indique la fin de l'étape.

                  Arrivé au pied de la dune,qui l'abritera du vent,il fait baraquer son méhari,lui ôte selle et arnachement,lui entrave les pattes avant, et d'une tape,lui rend une semi liberté. Le dromadaire,en sautillant à "cloche pattes" , se dirige la où "l'Alouet" est plus épaisse et là où l'eau subsiste au creux d'un rocher.

                  Après avoir fait un trou dans le sable,Bachar sort la theire et allume le feu. Bien vite,il y a suffisament de braises, et en retire un peu pour mettre l'eau à bouillir. Le soleil maintenant disparaît à l'horizon.Le ciel est tout embrasé à l'ouest.Les sommets de l'AÏR virent au violet,et le grand incendie du couchant diminue ,se  meurt...

                  Le thé,en chantant,s'infuse.Bachar,assis à la maniere Touareg, les coudes sur les genoux,les mains pendantes fixe le feu. Il est là,libre,heureux,seul dans cette immensité. Demain, si Allah le veut,il retrouvera Reicha et ses enfants.Il tire de l'Achacoua,le petit marteau pour casser le pain de sucre,et qu'il a fabriqué lui même.(l'Afiyse) Il verse ensuite,avec des gestes précis,et millénaires,le thé dans un petit verre,et du verre dans  la théire plusieurs fois de suite.Il fait couler de trés haut le liquide brulant.Ce premier thé,trés fort est un peu amer. Les deux suivants de plus en plus doux,conserverons  toutefois l'arôme puissant de la menthe.  Aprés avoir dégusté le thé rituel, Bachar se sent prêt à affronter la fraicheur de la nuit. Avant d'aller dormir, il mange un peu de viande séchée et du "Takamar",fromage fabriqué avec le lait de ses chamelles et de ses chèvres.

                   La  nuit s'est maitenant installée.Le vent a céssé.Le silence du désert,ressenti la journée,est encore plus dense la nuit.Les étoiles brillent comme nulle part ailleurs.La coix d'Agadez scintille,pendant que des étoiles filantes animent le ciel. La lune,en fin de parcours,immense disque d'or,baigne le paysage d'une lumière diffuse.Les dunes ont pris une couleur dorée,les épineux des forment bizarres et les euphorbes étalent leurs larges feuilles qui semblent soutenir d'invisibles fardeaux.Les éboulis de rochers déssinent sur le sable des ombres étranges. Rien ne bouge,tout est là en place immuable comme hier, comme il y a mille ans,comme toujours semble t-il.

                Bachar dort ,enroulé dans l'Isles,la tête contre sa selle............

                La lune a disparue depuis logtemps.Bachar dort,et pourtant,il se passe quelque chose d'indéfinissable, ,d'étrange,rien de précis ,de visuel,mais une impréssion bizarre,angoissante.Alentour,tout est en place,à sa place.Un fennec, à quelques distance de là fixe la dune,immobile,les oreilles dressées et orientées vers elle.Brusquement il détale en direction opposée,la queue allongée trés droite dans le prolongement du corps.Quel danger fuit'il ??

                 La dune,curieusement,semble s'éclairer par l'arriere,comme un éclairage indirect dont on augmenterait l'intensité,comme le moment qui précède le lever de la lune.Ce ne peut être elle ,elle s'est couchée il y a quelques heures à l'opposé. Pourtant,déjà un halo se déssine et un dôme doré émerge en partie.Incroyble!! d'autant que cette lune au lieu de continuer son ascension,se stabilise et se déplace vers la droite en suivant la ligne de crête.

 Soudain d'un seul bond, voici la chose au dessus de la dune comme suspendue, absolument silencieuse.Elle a la forme d'une sphere ceinturée en son centre d'un anneau.Le toit est brillant avec des alternances de luminosité plus ou moins importantes. Un autre bond en avant cette fois toujours silencieusement,  se place au dessus du Targui qui semble dormir encore plus profondément.Trés lentement la sphère descend,descend ,touche le sol,s'applatit comme le ferait un ballon,enveloppe le corps étendu,trés lentement,délicatement,sans bruit...doucement...

              ...et le soleil est déjà très vif.Bachar voudrait ouvrir les paupières mais elle sont si lourdes .. Sa tête lui fait mal et un bourdonnement confus lui vrille les tympans.Des bruits insolites lui parviennent.Son corps lui parait léger et animé d'un ballancement.Difficilement,il ouvre un oeil,puis deux.Au dessus de lui,les branches d'un palmier frémissent.Il est allongé sur une sorte de hamac richement décoré.Que fait-il là? Ou est'il? Les bruits ambiants se font plus précis .Des gens parlent et à leurs voix se mêlent des cris d'animaux et une foule de sons divers,un peu comme sur un marché.

              Bachar,s'aidant de ses deux mains,se souleve et découvre d'un seul coup un spectacle ahurisant.Il tourne la tête à droite,à gauche alternativement sans comprendre. Il se frotte les yeux et invoque Allah.Devant lui les dunes sont toujours là,mais mais ce sont de belles collines toutes couvertes d'une herbe tendre,comme dans le TALAK aprés les pluies.

               La montagne aux éboulis est devenue une grande falaise toute droite aux roches brunes,couvertes de fresques et d'inscritions.Le long d'une faille, bondit une cascade qui aboutit dans une vaste coupole où se baignent des femmes nues ,trés belles et aux longs cheveus noirs.

               A sa gauche,le cori a fait place à une magnifique forêt aux arbres gigantesques.Des oiseaux de toutes les couleurs volent et chantent. A sa droite,le reg est devenu une immense plaine où paissent toutes sortes d'animaux.Les longs cous des girafes dépassent des hautes herbes Les antilopes et les gazelles foncent à toute allue dans tous les sens.Une hardes de Phacochères à la queue drésseée trace un sillon dans les herbes.

               Tout auour de lui,des huttes aux toits arrondis semblent recouvertes de metal argenté.Une vaste esplanadeattire son attention.Des hommes s'activent,curieusement vêtus d'habits collants et églement argentés. Ce qui le frappe c'est la tête des hommes . Pour certains,elle est bardée d'antennes,un peu comme  la coiffure de sa jeune soeur à moins qu'elle ne ressemble à la coiffure des guerriers gravés un peu partout sur les roches de l'Aïr ou du hoggar...Pour d'autre et ceci impréssionne fortement Bachar,elle a la forme d'un coissant de lune....Le Targui est sur d'avoir vu çà quelque part.?...Ces hommes d'ailleurs semblent diriger les activités.Il suffit que l'un d'eux s'approchent des polisseurs de plats en grès pour que s'accélere la finition.

                Si les plats sont en or,le ciselage s'affine et devient plus riche d'un seul coup,grâce à un môt,un geste!...Les outils et les armes se forgent avec une rapidité incroyable...Incroyable pour Bachar,qui connait la longue patiente des forgerons d'Agadez.D'autres s'affairent auprés d'étranges chars attelés à de grands boeufs décorés de fleurs.Il règne un climat d'intense activité et de sérénité à la fois.Cependant Bachar st troublé,inquiet ...sa raison l'aurait-elle quitté?...

                Un homme à la face en forme de lune le voyant éveiillé, s'approche. Le Targui est courageux: n'a t'il pas affronté la montagne des DJENOUNS dans le Hoggar lors d'une chasse au mouflon?...Pourtant,l'impréssion de puissance tranquille de cet étranger qui vient, lui fait affermir la main sur la poignée de sa TAKOUBA.

                 L'homme s'arrête prés de lui et il parle.Bachar ne comprend pas ce language.Cependant,les les intonations ne lui sont pas vraiment  étrangères. Il y a dans le ton quelque chose de familier. Les sonorités,les accents sont un peu ceux des Touaregsdu Hoggar ou des ifforas.L'homme sort alors uns plaquette en métal ou s'inscrivent des signes qui apparaissent miraculeusement.Bacharconnait les signes. C'est du TIFINAR.Le Targui se concentre,mais cela ne veut rien dire pour lui.Les signes ne donnent qu'un assemblage de sons incompréhensibles.

                 D'autres hommes s'approchent,des femmes aussi.Ils se concertent.

                 Bachar dit: "je ne comprend pas..."        "Qui êtes vous ?....."       "Où suis-je? ..."                               Les antennes s'agitent en tous sens...Subitement,dans sa tête le Targui enrégistre des réponses;pourtant personne ne parle:"Tu es parmi tes frères  Bachar,il faut réfléchir Bachar!  Observe bien,écoute,vis,il fautmériter la connaissance"

                Le Targui voudrait poser d'autres questions,mais le contact est coupé dans sa tête, les réponses n'arrivent plus.D'ailleurs les hommes s'éloignent.Les femmes restent par contre et l'entourent.Elles chantentune lente mélopée.Là aussi,malgré son incompréhension du texte, le Targui n'est pas surpris par ce chant.Une réminicence confuse le trouble à nouveau.

                L'une des femmes trace sur son front des signes mysterieux avec le doigt,en passante et repassant inlassablement toujours au même endroit. Il sent venir petit à petit un engourdissement,une sensation de bien être.Il s'enfonce dans le sommeil....il s'enfonce de plus en plus...comme une plumequi n'en fini pas de tomber au fond d'un puits...mais qui tombe... Et Bachar dort.....

                 Le jour se lève,le soleil pointe derrière l'Aïr.Les sommets virent du violet au mauve,puis au rose.D'un seul coup les crêtes s'illuminent dans un gigantesque brasier,le disque d'or surgit majestueux,conquerant,témoin vigilant....

                 Bachar se reveille,le reg est là,les dunes,les éboulits,le Cori aussi.Le dromadaire impassible et hautain ruminentau pied d'un épineux.

                 Bachar se met à rire!.....il a fait un rève.Il se remémore certaines scènes avec précision,d'autres plus confusément.Il rit encore,et secoue la tête.Portant la main à son front,il ressentune gêne plutôt qu'une douleur .Une gêne circonscrite au milieu du front,dont il peutsuivre avec précision le contour.Il rit,et après le thé,il n'y paraîtra plus...

                  Il se lève,secoue sa couverture;un peu de poussier s'envole...un peu de poussière argentée...

                  Il marche un peu,franchit sns la voir une trace circulaire imprimée sur le sable...Un caprice du vent ?...

                  Le soleil est déjà haut dans le ciel.Bachar suit sa route,au pas lent et régulier de l'ALAN blanc .Il marmonne pensivement:"Observe bien...écoute...vis...Bachar,il faut mériter la connaissance....!

 

 

                                                                                                          Félix Malleval

                                                                                                     le 30 Janvier 1980

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